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Déjà 10 ans que je ne dis plus "Bon anniversaire Maman" !

Le Blog

10 ans…

ça fait 10 ans que je n’ai pas dit « bon anniversaire Maman »… 

ça fera 10 ans début décembre qu’elle a poussé son dernier souffle, sa main déjà inerte tenue dans les miennes… 


J’avais 23 ans, je commençais tout juste ma vie. J’avais quitté la maison un an avant… moi qui était toujours restée chez « Papa et Maman », même pour faire mes études. 

Ma soeur de 9 ans mon ainée avait quitté le foyer il y avait déjà bien longtemps. J’étais « leur petit bâton de vieillesse » comme ils le disaient parfois.. et aujourd’hui, c’est moi qui doit vieillir sans eux, grandir sans eux ! (oui car 3 ans après Maman, Papa est parti la rejoindre, mais lui, sans prévenir! J’avais abordé son décès en début d’année sur le blog). 


Alors oui, on sait tous qu’on va mourir un jour. On dit que perdre ses parents, c’est « dans l’ordre des choses »… mais merde… 23 ans, plus de maman, 26 ans plus de papa, plus de parents… pas posée sentimentalement, pas d’enfant… outch ! c’était tôt, beaucoup trop tôt…

J’ai été forte. Je proclamais haut et fort que de toute façon « je n’avais pas le choix… que Papa et Maman voudraient que je continue à vivre. 


J’ai « juste » oublié à un moment, de faire mon deuil… de me poser en acceptant que ce que j’avais vécu, c’était quand même assez dramatique. 


Un an avant son décès, Maman, elle était mal, physiquement, mentalement.. d’une nature dépressive elle portait déjà sa maladie sur son visage. Initialement soignée pour « une grosse bronchite », c’est en février 2007 que le verdict est tombé. Cancer du poumon, métastases au foie… (avant qu’on ne me pose la question, oui elle fumait). 


Tout est ensuite allé très vite. Le diagnostic posé, il fallait désormais « soigner »… ou limiter la casse. 

Il n’y a pas de règle dans la maladie… il y a des gens qui n’ont jamais touché une cigarette qui mourront d’un cancer du poumon… des cancers qui se soignent mieux que d’autres et pourtant… et des cancers qu’on sait coriaces dont on peut se relever. 


Je me souviens de ces rendez-vous avec la cancérologue… de ses mots « ça peut aller très vite » en réponse à ma question « il y en a pour combien de temps ? ». Je lui avait posé cette question à la suite d’un épisode assez violent. 


J’étais en pleine journée de travail, à 1h30 de route de la maison.

Maman me téléphone, complètement désorientée… Papa qui avait arrêté de travailler pour prendre soin d’elle venait de s’absenter pour faire quelques courses. Ce jour là, j’ai arrêté mes rendez-vous, et j’ai roulé… roulé jusqu’à la maison. 

Quand je suis rentrée, dans cette maison dont je connaissais les moindre recoins tant j’y avait grandi, j’ai vu maman. Elle était allongée dans le canapé, et j’ai eu pour seul accueil un : « Mais vous êtes qui ? », avec un ton agressif… 

Maman ne m’avait pas reconnu, moi sa propre fille…J’ai encaissé… J’ai géré… Je me souviens m’être assise par terre à même le carrelage, à côté d’elle… pour lui caresser le visage et l’apaiser comme je pouvais, j’ai dû faire ça toute la soirée je crois… mais merde, j’avais 23 ans… pas un âge pour vivre ça ! 


J’ai décidé de ne pas rentrer chez moi ce soir là mais de dormir dans la chambre dans laquelle j’avais grandi. Je crois que j’ai bien fait… le lendemain matin, crise d’épilepsie… je n’en avais jamais vu. Et il a de nouveau, « fallu gérer », appeler le samu, pouvoir transmettre rapidement les informations utiles comme la prise de médicament, quel cachet, à quelle heure, quel traitement etc…

C’est donc à la suite de tout cela que la cancéro m’a dit « ça peut aller vite, s’il y a des métastases au cerveau »… 



Tellement de souvenirs que j’avais bien enfouis en moi refont surface au fur et à mesure que je pose ici ces mots / maux… des choses que je ne souhaite à personne de vivre un jour. 

Les larmes coulent seules, j’ai les yeux qui piquent, les joues qui tirent, une boule à la gorge et le coeur serré. 


J’ai tenté, tout au long de la maladie de maman de continuer à vivre normalement. 

Et puis, et puis il y a eu ce dimanche de début décembre… où je lui rendais visite… à la maison ! 

Le dimanche soir de retour chez moi à 1h de route, j’ai repris ma voiture, un sac d’affaires. J’ai appelé un collègue pour lui dire que je ne serais pas là le lendemain…  Comme un pressentiment ? Le lendemain et le suivant furent les deux derniers jours que j’ai pu passer avec Maman. Elle était à l’hopital, dans un service de médecine. 


Le mercredi matin, 8h, le téléphone fixe sonne.. Lorsque je descends, Papa me dit que c’était les infirmières (ou un médecin je ne sais plus). Que maman de ne va bien et qu’il faudrait qu’on vienne. Nous avons été accueillis dans un bureau avant de pouvoir aller dans la nouvelle chambre dans laquelle elle venait d’être isolée, en soins palliatifs… je comprendrais plus tard qu’il s’agit du service de fin de vie. 


Elle avait un masque sur le visage pour l’aider à respirer. Et un capteur sur le doigts pour contrôler le taux d’oxygène dans le sang… Je me souviens de ce chiffre « 70 » indiqué en lumière verte sur une machine… L’expérience de la néonat et hospitalisation de Petitchou pour bronchiolite me fera prendre conscience que c’était déjà bien trop faible… 


Et puis, ses respirations étaient de plus en plus longues, espacées… Je suis allée chercher une infirmière dans le service. En revenant avec moi à la chambre, elle m’a serré très fort la main… si fort que j’ai compris… « elle est en train de partir »… 

10h10…. heure du décès… 


Je lui ai tenu la main jusqu’à son dernier souffle… J’étais d’un côté du lit, Papa de l’autre… J’ai posé mes mains sur ses paupières pour lui abaisser… 

Il a ensuite fallu prévenir la famille… mais qui appeler ? Je ne sais plus si j’ai d’abord prévenu ma soeur, qui habitait à Toulouse, ou ma grand mère… sa maman à elle. J’ai appelé ma Marraine… ma tante… j’ai dû leur dire ces mots « Maman c’est fini… ». 


Je crois que si ma soeur lit ses lignes, elle se souviendra parfaitement du moment où je l’ai appelé. Elle était au travail, à l’aéroport de Toulouse… déjà sur place pour prendre le premier vol pour Paris, en somme. 


J’ai demandé à l’infirmière du service de prévenir la mère de ma meilleure amie d’enfance qui était chef du service des urgences du même hôpital… Nous avons pu être vite entourés Papa et moi. 


Mais qu’allions devoir faire ensuite ? Quelles étaient les démarches ? Comment tout allait se passer….? 

Il a fallu gérer… choisir le cercueil, l’urne, les fleurs, préparer la messe…. faire les démarches administratives… 

Et le jour de l’enterrement, être la cible de tous ces regards compatissants, de gens qui avaient connus Maman, se souvenaient de son sourire, sa gentillesse, sa joie de vivre… Nous étions « les filles qui venaient de perdre leur maman »… 


Et puis la vie a repris son cours, car « il fallait bien »… 


La première année a été difficile… Le premier Noël, 3 semaines après son décès. La première fête des mères, celle où tu es noyée sous toutes les pubs « Bonne fête Maman » mais que ce n’est plus pour toi… L’anniversaire du décès….

Et puis les années se suivent… Et puis, un jour, il faut recommencer car c’est Papa qui nous a quitté… 

Encore appelé ma soeur… en étant assise à côté du corps sans vie du seul parent qui nous restait… 


Et puis la vie a repris son cours, car « il fallait  bien »… 

Mais toutes ces choses, ça fait des dégâts. 


On ne s’en sort pas indemne, ce n’est pas possible. 

Après un bon gros déni, j’ai fait une bonne grosse dépression, il y a 5 ans. Une vraie de vraie, celle qui vous conduit directement aux urgences d’un hôpital un soir d’hiver… c’est un autre volet de ma vie. 


Alors, oui ! Aujourd’hui la vie a repris le dessus. J’ai deux merveilles pour me le rappeler chaque jour. 

« Comme ils auraient été heureux mes parents, de connaître mes enfants…. » est une phrase que j’entends souvent par ma famille. 

Ils aimaient tellement les enfants. Ils nous ont tellement aimé, ma soeur et moi. 

Je crois que c’est tout cet amour transmis qui nous donne aujourd’hui cette force impalpable pour continuer à vivre. 


Toutes ces choses vécues me permettent aujourd’hui de m’émerveiller devant un tout petit bonheur. Une chose qui peut vous sembler insignifiante, mais qui pour moi aura toute son importance… car je sais combien la vie est trop courte. Je refuse de perdre du temps précieux pour des choses qui n’en valent pas la peine. 

De la vie, je ne garde que le meilleur. Dans chaque épreuve, je ne ressors que le positif et je m’en nourri pour aller encore plus de l’avant… 


Ma positive attitude actuelle puiserait-elle ses ressources dans ces douleurs du passé ? 


Enfin bref, tout ça pour vous dire qu’il faut apprécier chaque petit bonheur du quotidien, car on ne sait pas de quoi demain est fait ! 


N’oubliez jamais que dans une journée bien terne et triste, il y a forcément un tout petit rien pour vous donner le sourire… 

Nourrissez-vous de ça quand rien ne va… ! Et aimez-vous les uns les autres ! 


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